Le virus « Ushuaïa » m’a touché alors que j’étais encore sur les bancs de l’école dans le début des années 80.
Le samedi matin j’avais l’oreille collée au poste de radio pour écouter, sur France Inter, une émission présentée par un jeune journaliste qui s’essayait à diverses actions sportives. Il se nommait Nicolas Hulot.
Quelques années plus tard, le samedi soir, en seconde partie, j’avais le nez rivé sur le petit écran à envier les exploits téméraires de l’ex-journaliste de France Inter qui alors, favorisait une culture du voyage et apportait un regard nouveau sur les possibilités d’exploration de notre planète terre.
A cette époque, la planète Hulot et la mienne avaient très peu de chance de se croiser…
En 1994 alors qu’avec Cyril (Tricot) nous portions l’ambition d’un dynamisme nouveau dans le monde du documentaire sous-marin, notamment avec les premiers matériels Extrem’ Vision, nous avons l’immense plaisir de participer à notre premier Ushuaïa qui se déroulait aux Marquises (Polynésie Française), sous l’aile bienfaitrice de Bernard Delemotte responsable des prises de vue sous-marines.
Puis de manière épisodique les « Ushuaïa », les « Okavango » s’enchaînent suivant les besoins des émissions et les disponibilités de chacun.
En 1999, Cyril se voit confier la responsabilité des images sous-marines du concept « Ushuaïa Nature ».
Depuis 12 ans, dès que la production prévoit la réalisation d’images sous-marines, le matériel mis au point par l’équipe d’Extrem’ Vision est utilisé.
La préparation est minutieuse car une émission n’existe que grâce aux compétences de nombreux techniciens de l’image présents sur les différents « spots » de tournage.
Les sites retenus sont souvent dans des endroits peu accessibles, loin de toute possibilité de maintenance.
Alors pas question de bloquer le timing serré du réalisateur avec du matériel qui ne fonctionne pas !
Que d’heures passées à essayer de trouver le petit détail technique et innovateur qui fera toute la différence pour séduire le téléspectateur lors de la diffusion de l’émission.
De nombreux systèmes de prise de vue macro, endoscopique, grand angle ou pas toujours définissable, les caissons Broadcast de tous genres, les éclairages spécifiques et d’innombrables « bricolos » ont permis à la fois d’acquérir un savoir-faire inégalé et de prouver la fiabilité de nos conceptions.
Nos gammes de caissons et d’accessoires sont nées des besoins et des retours d’expérience de terrain.
La complicité entre la technologie différenciatrice d’Extrem’ Vision et la touche artistique de Cyril Tricot ont parfaitement fonctionné. Même si nous étions foncièrement différents, nous nous sommes rencontrés à un moment où ensemble nous avions tout à gagner.
Nous débordions de créativité technologique avant le départ impératif du tournage et Cyril exploitait le maximum des possibilités du matériel sur les sites magiques des émissions.
Ensemble nous avions le plaisir du résultat et des anecdotes du tournage lors de la diffusion d’une émission qui nous réunissait devant la télé autour d’une pizza (là au moins, nous prenions le temps d’apprécier).
Perfectionnistes, très souvent nous nous disions que tel plan monté aurait été mieux sur la cassette N° 72 car il y avait une meilleure séquence que celle diffusée…
Ou qu’un léger reflet (que personne n’a vu) devait être corrigé par un nouveau traitement sur la 3ème lentille du système 18 Thalacetor® et que la prochaine fois il faudrait améliorer le petit machin chose qui permettra d’aller plus loin dans le détail…
Et nous étions impatients du prochain départ pour mettre en œuvre les idées.
Du pur jus né de la passion du travail bien fait dans son intégralité !
C’est la preuve par l’image de la philosophie d’Extrem’ Vision et d’Eau Sea Bleue, la société de production de Cyril.
Mais les bonnes choses ont une fin et nous avons réalisé le dernier opus sous-marin d’Ushuaïa Nature dans le désert du Tchad.
Sans le savoir, cet épisode tourné fin 2010, était, pour les fidèles techniciens qui font l’émission depuis toujours, la dernière occasion qu’ils n’auraient plus, du moins dans le contexte sous-marin, d’avoir le plaisir de travailler ensemble.
Il reste cependant 2 émissions « en terrestre », réalisées en Colombie, qui seront diffusées dans le premier semestre 2012.
Nous avons eu une immense chance de vivre notre rêve de gosse, certes grâce à une quantité énorme de travail mais également grâce à des personnes qui nous ont accordé leur confiance.
Nous sommes des privilégiés et nous n’oublierons jamais qu’un privilège se doit d’être partagé. C’est pour ce faire que nous avons choisi le support image vidéo comme le vecteur de communication de notre passion.
Comme nous avons conservé un peu de notre âme d’enfant, parions que de nouvelles orientations liées au documentaire permettront à la fois de continuer le rêve éveillé, de relever de nouveaux défis technologiques et également de permettre à de nombreuses personnes de trouver un refuge de bien-être dans l’émotion offerte par la nature.
Un grand merci à tous pour ces moments intenses qui n’ont laissé personne indifférent.
Et que les meilleurs souvenirs soient pour demain !